Dans l’est de la République démocratique du Congo, les rebelles du M23 ont lancé une nouvelle offensive notamment dans le sud du territoire de Lubero.
Les rebelles avancent désormais rapidement vers le centre de Lubero, dernier verrou important avant la ville de Butembo. Les acteurs de la société civile locale qualifient cette progression du M23 de « spectaculaire « , tandis que l’armée congolaise assure contrôler la situation.
Une situation qui ne rassure pas
Depuis le 15 décembre, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, mènent une offensive dans le sud du territoire de Lubero, obligeant l’armée congolaise et ses alliés, les milices wazalendo, à se replier dans le Lubero centre, chef-lieu du territoire du même nom. C’est ce que déplore Gentil Kombi, un acteur de la société civile locale.
« Dimanche dernier, il y a eu des combats qui ont opposé notre armée aux rebelles du M23/RDF. Malheureusement, les FARDC (l’armée congolaise) ont décroché à Matembe qui était le verrou de cette partie du territoire de Lubero » explique Gentil Kombi.
Selon lui « les rebelles ont poursuivi leur route jusqu’à Alimbongo et Mambasa, où ils sont actuellement. Malheureusement, cela crée une psychose avec des pillages qui sont enregistrés, ce qui ne rassure pas la population qui est maintenant en panique, depuis le village de Kitsumbiro jusqu’à Lubero ».
Cet acteur de la société civile dit ne pas comprendre le recul de l’armée congolaise qui a perdu plus de quatre grandes agglomérations en moins d’une semaine.
Il déplore cette défaite de l’armée qui selon lui a à sa disposition des armes et aussi le soutien de la population, et dit ne comprendre « ce qui lui manque pour gagner cette guerre ».
À en croire Gentil Kombi « tous les wazalendo sont derrière les FARDC, mais le M23 avance et des mouvements de population sont observés çà et là ».
« L’affaire de tout le monde »
Dans le cadre de leur offensive, en dehors de plusieurs agglomérations dans le territoire de Lubero, les rebelles ont également pris le contrôle de la cité de Buleusa en territoire de Walikale. Le colonel Alain Kiwewa Mitela, administrateur du territoire de Lubero, appelle au soutien de tous, en raison de la détérioration de la situation.
Il demande ainsi à la population de faire confiance aux forces de défense et de sécurité tout en expliquant que « ce problème n’est plus celui d’une seule personne ou de l’armée seule, de la présidence ou du ministre ».
Selon lui « c’est l’affaire de tout le monde et chacun doit voir comment aider cette armée ».
La situation actuelle sur les lignes de front serait la conséquence de l’échec de la signature d’un accord entre la RDC et le Rwanda, à Luanda, dimanche dernier, estime Patrice Sheria un expert congolais des questions sociopolitiques.
Il explique que « cette avancée phénoménale des rebelles du M23 sur le terrain suit le boycott du processus de Luanda par le président rwandais », et pense que « ce processus a dès lors montré ses limites ».
Pour l’expert « il faut que le gouvernement congolais réactive la machine de l’armée pour pouvoir s’engager dans une guerre sérieuse pouvant permettre de bouter hors du territoire national les terroristes du M23 ».
Selon le lieutenant Reagan Kalondji, porte-parole de l’armée congolaise sur le front nord de la province du Nord-Kivu, toutes les mesures seraient prises pour empêcher l’avancée des rebelles du M23 vers Butembo, la deuxième plus grande ville de la province du Nord-Kivu.