Nouvelles révélations du mode d’emploi du soft-power rwandais, notamment dans la propagande anti RDC sur les réseaux sociaux.
Dans un rapport publié la semaine passée, l’Université de Clemson, en Caroline du Sud aux États-Unis, met à nu un système de communication automatisé du régime de Paul Kagame pour « booster » sa communication sur le réseau social X grâce à l’intelligence artificielle.
Dans leurs recherches, les experts de cette université américaine ont dit avoir passé au crible un total de 464 comptes sur X (anciennement Twitter). Ces comptes ont généré, en six mois, 650.000 messages dont plus de la moitié faisant l’apologie de la guerre dans l’Est de la RDC et des M23.
Ces comptes boostés par l’Intelligence artificielle ont, d’une manière coordonnée, accuser la RDC de collaborer avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), ce groupe constitué de réfugiés Hutu rwandaises ayant traversé la frontière suite au génocide de 1994.
« Ces comptes sont très actifs depuis début 2024, même si plusieurs sont beaucoup plus anciens. Presque tous les comptes identifiés restent actifs à la date de publication de ce rapport. Comme pour les exemples précédents de réseaux coordonnés alignés sur le gouvernement, ces récits ont poussé des discours favorables à Paul Kagame et au FPR tout en ciblant les ennemis perçus de l’État, en particulier ceux liés au conflit en cours en RDC », expliquent les chercheurs américains dans leur rapport.
Sur X, cette campagne pro-Rwanda « présente plusieurs marqueurs d’un comportement inauthentique coordonné » dans le but de « tenter d’influencer le discours sur les performances du régime de Kagame, la fiabilité des critiques éminents de ce régime et le niveau de menace posée par les forces extérieures perçues comme étant opposées aux intérêts de l’État ».
Dans un contexte électoral au pays des Mille collines, ces « robots-communicants » sont également utilisés pour accompagner la campagne électorale de Paul Kagame, candidat pour un quatrième mandat.
Pour les chercheurs en médias de l’Université Clemson, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le réseau pro-Rwanda a, à la fois, « évincé les affiches et les messages critiques à l’égard du gouvernement mais aussi généré des messages apparemment indépendants en faveur de Kigali, en utilisant des outils d’intelligence artificielle et des modèles linguistiques étendus ».
Dans le même registre, les chercheurs américains ont également rapporté des « clichés photoshoppés » en utilisant l’IA avec l’apport humain. Un mode de communication contraire aux règles du réseau social X.
Ce rapport de l’Université de Clemson intervient tout juste trois semaines après les révélations « Rwanda classified » du collectif Forbidden Stories, révélant un système de soft-power de Kigali.