Emmanuel Macron et Xi Jinping se connaissent bien. Le chef de l’État français s’est rendu plusieurs fois en Chine et le président chinois en est à sa deuxième visite d’État en France depuis 2017. Pour le recevoir, cette fois-ci encore, les petits plats ont été mis dans les grands. La première journée de ce déplacement est organisée à Paris avec des entretiens à l’Élysée, une cérémonie avec passage en revue des troupes aux Invalides, des rencontres économiques au théâtre Marigny et un grand dîner d’État dans le palais présidentiel où les deux présidents porteront les traditionnels toasts.
Mais Emmanuel Macron a aussi voulu apporter une touche personnelle en organisant une escapade au col du Tourmalet dans les Hautes-Pyrénées, la région d’origine de sa grand-mère, celle où il passait ses vacances, dans laquelle il retourne régulièrement et qu’il veut faire découvrir à son homologue, comme ce dernier lui avait fait « l’honneur » de le recevoir sur un « site très personnel » à Canton en 2023 lors du dernier déplacement d’Emmanuel Macron en Chine. De quoi donner une tonalité plus intime à cette visite très protocolaire et à haut intérêt diplomatique. La Chine est en effet une grande puissance mondiale, un acteur incontournable sur la scène internationale, un partenaire avec lequel la France veut discuter.
Intimité et diplomatie
L’un des enjeux de cette visite est donc de parler avec Xi Jinping des grandes crises internationales et surtout de l’Ukraine. La Chine fait partie des principaux partenaires de la Russie. Emmanuel Macron espère, selon l’Élysée, encourager Xi Jinping à « utiliser ses leviers sur Moscou afin de changer les calculs » de Vladimir Poutine et de « contribuer à une résolution du conflit ». Dans l’entourage du président français, on rappelle comme un signe encourageant qu’en avril 2023, Xi Jinping avait accepté d’appeler Volodymyr Zelensky pour entendre sa vision sur le conflit avec la Russie après la visite d’Emmanuel Macron en Chine.
L’une des questions épineuses cette année, c’est celle des entreprises chinoises qui participent directement à l’effort de guerre russe. La position d’Emmanuel Macron s’est considérablement durcie face à Moscou ces derniers mois. Le chef de l’État a encore affirmé, dans une interview à The Economist, que la Russie ne devait pas gagner la guerre, qu’elle représentait un danger pour la sécurité européenne. Et selon lui, « ce n’est pas l’intérêt de la Chine d’avoir une Russie déstabilisatrice de l’ordre international… Il faut donc travailler avec la Chine pour construire la paix ».
Dans cet entretien, Emmanuel Macron évoque aussi les questions économiques et commerciales qui seront au programme de ses échanges avec Xi Jinping. L’ambition du président est notamment d’améliorer « l’accès des entreprises françaises au marché chinois » et de bâtir des relations économiques placées sous le signe de la « réciprocité ». Des secteurs stratégiques de concurrence sont identifiés : véhicules électriques, photovoltaïque, éolien. À l’occasion de cette visite, Emmanuel Macron veut promouvoir les intérêts français, mais aussi européens. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est d’ailleurs invitée à Paris pour rencontrer Xi Jinping. Face à la Chine, Emmanuel Macron veut aussi se présenter en Européen.