Utilisés pour affiner le réglage des tirs d’artillerie, les drones commerciaux employés par l’armée ukrainienne auraient exploité les capacités des terminaux Starlink, situés à proximité du front. Un usage que SpaceX considère contraire au contrat et qu’elle a bloqué.
Avec la destruction des réseaux de téléphonie et d’Internet, les Ukrainiens ont su maintenir leurs services de communication grâce à l’arrivée massive d’équipements Starlink de SpaceX. Placés à proximité du front, ces points de relais Internet permettent aux populations de communiquer avec leurs proches pour les rassurer et également d’obtenir des informations liées à la sécurité et aux aides humanitaires de proximité.
Mais, selon SpaceX, ces outils servent également aux opérations militaires de l’armée. Un usage qui ne fait pas partie de l’accord passé entre la société et les autorités ukrainiennes. C’est en tout cas ce que Gwynne Shotwell, présidente et responsable de l’exploitation de SpaceX, a expliqué lors d’une conférence à Washington DC, aux États-Unis, ce mercredi. La dirigeante souligne que le fait que Starlink soit utilisé par les militaires pour leurs communications n’a pas vraiment d’impact. En revanche, ce qui dérange la société, c’est la possibilité que l’outil soit exploité à des fins militaires catégorisées comme « offensives ».
Justement, Starlink affirme que l’armée ukrainienne a utilisé son service pour contrôler ses drones. Des drones du commerce, par exemple de la marque chinoise DJI, et qui servent à repérer les positions ennemies pour affiner le ciblage des tirs d’artillerie à longue portée. C’est cette utilisation que SpaceX considère comme répondant à un usage offensif. La porte-parole de la firme a donc indiqué que des « choses » avaient été faites pour limiter la capacité à utiliser le service à ces fins. Madame Shotwell a toutefois refusé de dire quelles mesures SpaceX avait prises.
SpaceX souffle le chaud et le froid
La dirigeante a également été interrogée au sujet de pannes subites et mystérieuses du service en décembre en Ukraine. Des pannes handicapantes pour les Ukrainiens et que SpaceX n’a pas expliqué. Elles pourraient bien être liées à la mise en place de ces mesures pour freiner l’usage militaire de Starlink sur le terrain. En guise de réponse, Gwynne Shotwell a cultivé le flou en indiquant qu’elle ne répondrait pas à cette question.
Après les premiers mois du conflit, SpaceX a expédié de nombreux terminaux Starlink en Ukraine. Le contrat était destiné à des fins humanitaires, pour assurer la continuité des réseaux de données aux hôpitaux, aux banques et aux familles impactées par l’invasion russe. Mais l’histoire de SpaceX avec l’Ukraine est parfois tumultueuse.
Ainsi, au mois d’octobre, après avoir tenu sur Twitter des propos allant dans le sens du narratif russe sur le conflit, le patron de SpaceX, Elon Musk avait demandé au Pentagone de couvrir les frais du service Starlink. Il s’en était également expliqué sur Twitter, ce qui lui avait attiré les foudres de la communauté. Sous la pression internationale, le milliardaire a ensuite fait machine arrière. Le service est donc maintenu et renforcé depuis car, en plus des dons de SpaceX, les États-Unis et la France ont également acheté des modules Starlink supplémentaires pour les Ukrainiens. De son côté, la Russie s’est efforcée de limiter l’emploi du service en brouillant le signal. SpaceX avait alors renforcé la partie logicielle de ses appareils pour contrer ces mesures.